15-11-45: ANTIBES
Arrivé, un peu avant midi. Dans l'après-midi, je
suis allé à NICE, ville que je ne connaissais pas. Ce qui
m'a le plus frappé: le Casino Municipal et la Promenade des Anglais.
Suis actuellement à l'Hôtel ROYAL, à ANTIBES, face
à la mer. (Réquisitionné).
16-11-45: Le travail a commencé. Suis affecté,
à la batterie" D". De plus, je m'occupe du Service Social, et du
Foyer du Corps. Cinéma, avec un camarade, ce soir.
17-11-45: Cette après-midi, suis allé à
l'Intendance, à NICE, pour un billet collectif, dont j'aurai bientôt
besoin. Au cinéma" L' Extravagant Mr WILLIAMS".
18-11-45: Réveil tardif, puis promenade. Dans l'après-midi,
un bal était organisé, à l'Hôtel ROYAL.
19-11-45: Me suis occupé de mon détachement. Pris
le train, à 17 h 45. Arrivé à AVIGNON, à 1
h du matin.
20-11-45: Très peu dormi. On s'est occupé du détachement.
Quitté AVIGNON à 11 h 15, et arrivé à 18 h
30, à ANTIBES. Grand dîner, en l'honneur des partants, suivi
d'un bal.
21-11-45: 3 h 45: Le bal a duré fort tard. Réveil
pénible. Travail aussi normal, que le permet, le manque de sommeil.
Cinéma, avec deux camarades (La Veuve Joyeuse).
22-11-45: Ce matin, cela va nettement mieux. Dans la matinée,
service religieux, à la mémoire d'un Lieutenant du Groupe.
Ce soir, cinéma.
23-11-45: Il y a un an, c'était la libération de
STRASBOURG, l'un des plus beaux souvenirs de la guerre. Journée
tranquille. Au cinéma: Sur la piste des MOHAWKS.
24-11-45: Au cinéma: La petite dame des wagons lits.
25-11-45: Réveil tardif. Un peu de travail, dans la matinée.
Dans l'après-midi, nous avons dansé, dans notre Hôtel.
GLOAGUEN est rentré de PARIS. J'apprends, officiellement, que je
suis désormais, Sous-lieutenant d'Active. Cinéma avec des
camarades.
26-11-45: De bonne heure, au quartier, car je suis de semaine.
Ce qui m'étonne le plus ici, c'est que je me réveille tout
seul, à une heure, militairement raisonnable. Mise sur pied de guerre,
de la batterie. Matinée et après-midi assez chargées.
Au cinéma: Le mystère St VAL avec FERNANDEL.
27-11-45: Matinée calme. A 14 h, présentation du
groupe, sur pied de guerre, au Colonel. Au cinéma: 6 destins.
28-11-45: Enfin beaucoup de travail, toute la journée.
Avant-hier, j'ai été vacciné contre la variole, et
ai reçu ma première piqûre, contre le choléra.
Ce matin, ai été radiographié. (Rien d'anormal). A
17 h 30, un apéritif, en l'honneur de la promotion, au grade de
Sous-lieutenant, de LAPEZE. Au cinéma:" L'esclave aux mains d'or".
29-11-45: Travail normal, pas sorti ce soir.
30-11-45: Suis intégré dans l'active (mais métropolitaine)
et pour compter du 25-6-45. Encore des formalités en perspective,
pour passer dans la Coloniale. UN COLONIAL NE PEUT PAS AVOIR l'esprit
METRO. C'est absolument incompatible. Avons fêté, ce soir,
la fête du Colonel (St André). Sa femme et sa fille, étaient
nos nobles invitées.
1er-12-45: Travail normal. Dans l'après-midi, suis allé
voir un brigadier, à l'Hôpital de DRAGUIGNAN. De retour à
19 h 45. Ce soir: cinéma.
2-12-45: Réveil tardif. Après déjeuner,
je suis allé voir le match ANTIBES- HYERES. (0-1). Au cinéma:"
Dernier tournant".
3-12-45: Je fais passer l'examen des élèves- brigadiers,
en auto et en guet. Resté à
l'Hôtel, ce soir.
4-12-45: Continuation de l'examen, dans la matinée. Après-midi:
quartier libre. On fête la Ste Barbe. Organisé un bal.
5-12-45: Me suis réveillé à 9 h, dans l'un
des fauteuils du mess. La fin de soirée fut atroce. J'avais assez
bu, pour ne pas être, aujourd'hui, dans mon état normal. Journée
passée à récupérer.
6-12-45: Grand plaisir, de recevoir une lettre, des parents de
VAN GHELE. Ils sont toujours à BIZERTE. Travail normal. Au cinéma,
vu" Hula" et un film américain, avec Charles BOYER.
7-12-45: Aujourd'hui, changement de Commandant de Batterie. Suis
de nouveau Adjoint au Cdt de Bie. Je n'arriverai donc jamais, à
m'en sortir, de cette fonction. Au cinéma" Le père Serge".
8-12-45: Matinée et début de l'après-midi:
manoeuvre à pied, et exercice de défilé. Le temps
passe assez vite, car il y a de l'occupation.
9-12-45: Suis allé à la messe de 10 h. Dans l'après-midi,
en bande, nous avons visité le cuirassé" LORRAINE", qui se
trouve actuellement, dans le Golfe de JUAN. Ce soir, bal à JUAN.
10-12-45: Rentré à 1 h 30. Réveil plutôt
pénible, à 7 h. Dans la matinée, cérémonie
de la passation de Commandement. Travail normal.
11-12-45: Bien reposé ce matin, travail normal.
12-12-45: Travail normal. Dans la soirée, suis de permanence
au quartier.
13-12-45: En me réveillant, ce matin, j'avais froid aux
pieds, ayant dormi sans couverture, au quartier. Dans la matinée,
suis allé à CANNES, avec le Capitaine OSTY. Dans l'après-midi,
un tour à NICE. Acheté un appareil photo. Au cinéma"
Peloton d'exécution".
14-12-45: Travail normal. Avant le dîner, je suis sorti
avec Mado, Yvette et Anne. Soirée dans ma chambre, à coller
des photos, et à lire. Serai invité à un mariage,
lundi prochain.
15-12-45: Matinée passée à NICE. L'après-midi,
travail normal au quartier. Après dîner, sommes sortis en
bande, au cinéma.
16-12-45: Quelques courses, en vue du mariage de demain. L'après-midi,
sommes allés en bande, à JUAN LES PINS. Cinéma: Le
Gladiateur".
17-12-45: Aujourd'hui, suis allé à la noce du Sous-lieutenant
PETIT, et de Maryse GOUBEAU. J'avais pour cavalière, Yvonne SALLA.
Avons fait la VOUTE D'ACIER, à la sortie de l'église.
18-12-45: Rentrés à 4 h du matin. Debout à
8 h. Le manque de sommeil, s'est fait sentir, toute la journée.
Travail normal. Au lit à 22 h.
19-12-45: Parti à 6 h, pour MARSEILLE, par un temps affreux.
Repartis à 17 h. Tombés en panne près de: LE LUC.
20-12-45: Dépannés à 6 h du matin. Rentrés
à ANTIBES, à 8 h 30 environ. En passant par l'ESTEREL. Travail
normal. Avant le dîner, suis allé avec DOREAU, chez SUZY.
Reçu une lettre de Robert le JEUNE, qui se trouve actuellement à
HYERES. (C'est le fils de mon forgeron d' HENVIC).
21-12-45: Très bonne nuit. Comme travail, suis allé,
de par la ville, récolter les dons des civils, pour l'arbre de Noël.
Avant le dîner, avec DOREAU, un petit tour chez SUZY.
22-12-45: Journée très chargée. Dans la
matinée, suis allé à CAGNES SUR MER et à JUAN
LES PINS. Dans l'après-midi, encore une tournée en ville,
pour les dons offerts par les civils, pour l'arbre de Noël de nos
hommes. Avant le dîner, suis allé chercher Hélène
IVORNI à CAGNES SUR MER et Emmy VIGNE à ANTIBES. Après
le dîner, grand bal, avec attractions, au COLOMBIER, à JUAN
LES PINS.
23-12-45: Rentrés à 5 h. La fête a été
assez intéressante, mais moins fructueuse, qu'on aurait pu le penser,
au début. Debout à 11 h 45. Bien reposé. Dans l'après-midi,
un bal était organisé au ROYAL. Bien amusés dans l'ensemble.
Avons beaucoup dansé. Ce soir, je suis resté à discuter,
au salon, avec quelques camarades, le Colonel, sa femme et sa fille.
24-12-45: Journée extrêmement chargée. Matinée
passée au bureau. Préparation de l'Arbre de Noël de
l'après-midi. Dans l'après-midi, grande fête organisée
par le groupe, dans le garage. Très bien réussie. Arbre de
Noël, sketches, etc. Après le dîner, ai assisté
à une 2eme fête, donnée dans l'une des salles (Entre
FRANCE URSS, et LE BON LAIT) de la place du TAM TAM. Messe de minuit.
25-12-45: NOEL: Après la messe de minuit, avons réveillonné
au ROYAL, ma cavalière était Yvonne SALLA. Avons dansé
jusque 5 h 30. Allé la reconduire en voiture (Route de BIOT). A
6 h 30, au lit. Debout à 11 h 45. Dans l'après-midi, sommes
allés en bande, au FORT CARRE. Mais, ce soir, je ne suis pas sorti,
car j'ai sommeil!
26-12-45: Debout à 7 h 45, bien reposé. Journée
particulièrement chargée. Me suis spécialement occupé,
des comptes du Foyer. Tout va bien. Cinéma" Le Capitan".
27-12-45: Acheté un agenda 46 ! Dans l'après-midi,
étude de l'ANNAM, en prévision d'une conférence éventuelle
à faire, sur le bateau. Dans la soirée, suis allé
à CAGNES SUR MER.
28-12-45: Bien reposé. Debout de bonne heure. Travail
assez intéressant à la batterie. Nouveau tableau d'effectifs,
avec une section en moins, en raison des démobilisations, causées
par une certaine catégorie de militaires, QUI NE SONT PLUS VOLONTAIRES,
pour l'Extrême-Orient. Les hommes, avec qui nous partons, sont TOUS
DES VOLONTAIRES. Certains, d'entre eux, auront signé, jusqu'à
trois fois, leur volontariat. Cela s'appelle de la constance ! J'aime mieux
cela. De bonne heure au lit, ce soir.
29-12-45: Debout de bonne heure. Travail normal, dans la matinée.
Ai récupéré mon réveil, que j'avais fait porter
à réparer. Travail normal, jusqu'à 16 h 30. De 17
h à 21 h, j'étais de patrouille en ville. On commence à
parler de départ. Pour le 3 au soir, tous les permissionnaires devront
être rentrés.
30-12-45: Dimanche. Debout à 9 h 30. Messe à 10
h. Quelques gâteaux à l' OISEAU BLEU, avec DOREAU et SUZY.
Dans l'après-midi, sommes allés en bande à la GAROUPE.
Y avons pris des photos.
31-12-45: Journée aussi joyeuse que chargée. Matinée
au quartier et dans la ville. Dans l'après-midi, avons assisté
à une représentation théâtrale (STEENBRUGE,
AUBRY) donnée dans l'une de nos salles du garage, pour le réveillon
de nos hommes. Très bien réussie. Ce qui me plaît,
dans ce groupe, c'est que l'on s'occupe énormément des hommes,
malgré que l'on soit moins avec eux, que dans mon ancienne batterie.
A partir de 22 h, les invitées sont arrivées, pour le réveillon,
que nous avions organisé, au ROYAL. Avons dansé jusque minuit.
A ce moment-là, un arrêt pour se souhaiter, en s'embrassant,
la nouvelle année, avec tous les voeux possibles et imaginables.
1-1-46: A 2 h, a commencé le repas du Réveillon,
qui a duré jusque 3 h 30. Puis nous nous sommes amusés; avons
dansé jusque 5 h 30. Les cavalières ont été
ramenées chez elles. Le silence est enfin revenu. Je ne veux pas
m'endormir, car j'ai pas mal de travail, ce matin. Ai somnolé dans
un fauteuil jusque 8 h 45. Dans l'après-midi, sommes allés
en bande, du côté de JUAN LES PINS, d'abord au bord de la
mer, puis au COLOMBIER, où nous avons dansé jusque 18 h 45.
Rentrés au ROYAL. Ai remplacé un camarade, à la permanence
au quartier.
2-1-46: Debout à 8 h 30. Presque reposé. Parti
à 9 h 30, à ST RAPHAEL par FREJUS, pour obtenir un papier.
Plus besoin de ce papier, je rentre à 15 h 10. A 21 h 45 au lit.
Ah mais! Reçu une lettre de MARON. (Où l'on pense toujours
aux petits" LECLERC"!).
3-1-46: Réveil assez pénible. Contrecoup du Jour
de l'An. Matinée de travail. Exercice de défilé. Reçu
ma carte d'habillement. Coup de fil de JO, (mon frère) qui est venu
à ANTIBES. Travail au quartier, dans l'après-midi. Mais à
partir de 18 h, je suis avec JO, jusque 24 h.
4-1-46: Travail normal, dans la matinée. Dans l'après-midi,
suis allé au Camp de CAIS, percevoir mon habillement. Soirée
avec JO. Au cinéma" Martine". Le Général DE GAULLE
est dans la Région, au Cap d'Antibes.
5-1-46: Travail normal, jusqu'au soir. Déjeuné
et dîné avec JO, puis cinéma" Mayerling".
6-1-46: Avec JO, jusqu'au départ de son train, à
14 h 40. Est-ce la dernière fois que nous nous voyons, jusqu'à
mon retour d'INDOCHINE? Après-midi au COLOMBIER, avec pour cavalière:
Yvonne SALLA.
7-1-46: Au quartier, toute la journée. Plein de travail.
Une carte de Mme RAISSON. (Notre ancienne propriétaire de NANTERRE).
Commencé à préparer, sérieusement, la conférence
que j'aurai à faire, peut être, sur l'ANNAM, pendant la traversée.
8-1-46: Redevenu chef de section, comme je l'avais tant souhaité,
depuis longtemps. Travail normal. Le départ serait-il retardé
? D'après certains bruits, pas avant la fin du mois ! Pas sorti
ce soir.
9-1-46: Perçu ce matin: deux shorts immenses, et une paire
de chaussures basses. Dans la soirée, ai porté mes shorts
à raccourcir. Pas sorti.
10-1-46: Ai été occupé, une bonne partie
de la journée, à tenter d'élucider un vol, avec effraction,
qui s'est produit, hier soir, à la caisse du Foyer. (6500). Dans
la soirée, LAPEZE et moi, sommes allés au bal du MOULIN BLEU,
au profit des oeuvres sociales du groupe.
11-1-46: Rentré ce matin, à 4 h 30. Réveil
pénible. Travail normal. Vers midi, un coup de téléphone,
de l'Artillerie Divisionnaire (A.D.) est venu nous apprendre, que le détachement
précurseur, part demain, pour MAZARGUES, la Batterie" C" part Dimanche.
Notre batterie suivra, peu après. Aussi commence t-on à s'agiter.
On prépare les affaires, et les bagages, en prévision, d'un
ordre de départ immédiat, éventuel. Les démobilisés
sont partis, à 16 h 30. Ne sors pas ce soir. Besoin de sommeil.
12-1-46: Au quartier dans la matinée, et dans l'après-midi.
Le détachement précurseur est parti, ce matin, à 8
h 30. Ce soir, à l'Hôtel ROYAL, DOREAU et moi, avons préparé
nos bagages, en vue du départ de la semaine prochaine.
13-1-46: Levé assez tôt, pour aller à la
messe de 10 h. Dans l'après-midi, sommes allés en bande,
au COLOMBIER, et y sommes retournés, le soir, après dîner.
Avais Mado pour cavalière. Nos cavalières semblent, un peu
préoccupées, par notre départ, nous avions pris tant
de bonnes habitudes, ensemble.
14-1-46: Rentrés à 2 h. Bien amusés, mais
il est temps de dormir. Journée de travail normal.
15-1-46: Ai porté un pantalon à raccourcir. Sera
prêt ce soir. Juste après le déjeuner, un ordre, celui
que nous attendons, depuis si longtemps, c'est à dire celui du départ.
Demain après-midi, on charge le matériel. Je commanderai
le détachement, chargé de le convoyer. (Deux sous-officiers,
10 hommes). Ce train part, théoriquement, après-demain matin,
à 5 h. Les batteries" E" et" D" partent, par le train de permissionnaires,
après-demain soir, à 16 h 30. L'après-midi d'aujourd'hui,
a été très active. Les bagages seront bientôt
prêts. Ce soir, avant dîner, nous avons pris l'apéritif,
à l' American Bar, avec DOREAU, le Capitaine AULD et Mado.
A 22 h, adieux à Mme et Mlle TILLOU (Femme et fille de notre Colonel).
16-1-46: Dans la matinée et dans l'après-midi,
préparatifs du départ. Commencé à charger,
à 15 h environ. Adieux au Colonel. Dormi dans le train, ce soir.
17-l-46: Quitté ANTIBES, ce matin, vers 4 h 30. Arrivé
à LA BOCCA, à 7 h 45 environ. Nous y restons, jusqu'à
21 h 30!
18-1-46: Arrêt aux ARCS, mais pas longtemps. Arrivés
à LA SEYNE, vers 4 h. Y restons, jusque 10 h 30. Arrivés
à MARSEILLE, vers 16 h 30. Manoeuvres assez longues et incidents
fréquents : (wagons mélangés, etc). Le Capitaine OSTY
est venu nous voir, à notre arrivée. Nous ne sommes pas loin
du PRADO, et nous attendons le moment d'y être accostés.