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La Baraka d'un FFL 40





2. COLLEGE DE MORLAIX

Ayant mon certificat d'études primaires, (Un vrai diplôme en ce temps-là, qui voulait dire, en particulier, que l'on avait fait, moins de cinq fautes, éliminatoires, dans sa dictée!) je n'ai pas eu besoin, de passer l'examen d'entrée en sixième. De plus, ayant eu la mention bien, je suis admis, directement, en cinquième, au collège de MORLAIX, comme pensionnaire.

Un vrai trousseau et l'uniforme de Collégien, avec la casquette pour les sorties. Fierté naissante?

Les cours ont lieu le Lundi, le Mardi, le Mercredi, Le Vendredi et le Samedi.

Le Jeudi matin, on est en étude mais, l'après-midi, on revêt l'uniforme, et un pion nous promène en rang, dans les environs de MORLAIX. On nous permet de chanter et nous en profitons amplement.

Tous les Jeudis, j'envoie une lettre à Grand-mère, écrite en breton et en caractères d'imprimerie, du fait qu'elle ne connaît pas le français, et que, si on lui a appris à lire dans les livres, quand elle était jeune, on ne lui a jamais appris à écrire. En revanche, elle sait très bien compter. !

Si on n'a pas été puni, le samedi soir, on a une permission, jusqu'au lendemain soir.

La descente en courant, de KERNEGUEZ, où se trouve le Collège, vers la ville, et la remontée des escaliers, toujours en courant, vers la gare, est un sport particulièrement apprécié.

Je prends le billet A. R., puis le train de ROSCOFF qui, après avoir emprunté le chemin de BREST, oblique brusquement vers le Nord-ouest, s'arrête à TAULE et me débarque à HENVIC.

Encore un kilomètre en courant, et je retrouve Grand-mère, qui m'a déjà préparé un sérieux plat de «FAR» qui, comme les crêpes, tient lieu de : hors-d'œuvre, entrée, plat du jour, légumes, fromage et dessert. «TITIVE», mon surnom d'alors, n'a plus faim.

Le Dimanche, après la messe de 10 heures, je suis au bistrot, tout heureux de retrouver les clients, et de leur servir, (d'une main maintenant, car j'ai grandi), les boissons de leur choix.

Bien sûr, le Dimanche passe toujours trop vite, et il ne faut pas rater le train, ou l'autorail,  parfois la micheline, (Aux roues de caoutchouc) ni être en retard au dortoir, surveillé par un pion.

Heureusement, il y a les vacances, que je passe toujours avec Grand-mère.

En cinquième, j'ai passé un concours, pour obtenir une bourse d'études, mais j'ai échoué, pour une SEULE faute d'orthographe:  «.. feint de manoeuvrer..» J'ai écrit «  fin », ce qui n'aurait pas été idiot, dans le texte. Quant au verbe feindre, je n'en avais jamais entendu parler! Cette lacune impardonnable est comblée, depuis ce jour.

A la fin de la quatrième mes résultats étaient plutôt satisfaisants:
- Félicitations du conseil de discipline: 1 fois
- Prix de Tableau d'Honneur (Classe, Etudes)
- Prix de Tableau d'Honneur (Internat)
- 1er prix d'Orthographe et Grammaire
- 4eme Accessit d'Histoire
- 1er Accessit de Sciences naturelles
- 1er Prix d'Anglais (Deuxième langue)
- 2eme Accessit d'Allemand (1ere langue)
- 2eme Prix de dessin d'Art
- En athlétisme, chez les minimes (13-15), mon saut en hauteur de 1 m 30, est signalé à l'attention de tous!

Inutile de dire, que ma Grand-mère était aux anges de ces résultats.

Malheureusement, tout a une fin et, vaincue par l'âge et la maladie, ma grand-mère me laissait seul, à 15 ans!

Lorsque j'entends parfois quelqu'un, dire que le progrès ne sert à rien, je revois encore ma grand-mère, en hiver, casser la glace d'une mare, malgré ses engelures, et rincer le linge, qui avait bouilli dans une lessiveuse, et qu'on avait transporté là, en brouette, à 500 mètres de la maison. Et elle ne se plaignait pas, habituée et aimant à se dévouer. Vive les machines à laver, quand même!


 
 

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