Montés à bord du "PASTEUR", vers 14 h 30. Et voilà
deux séjours en Extrême-Orient de terminés, et, le
2eme, m'a paru, aussi rapide, que le 1er. Ce que c'est que d'être,
pleinement occupé, par une vie intense.
A 16 h et quelque, le PASTEUR a quitté la BAIE D'ALONG.
La pluie continue ! Au dodo de bonne heure, en raison du gros MANQUE DE
SOMMEIL. Suis installé couchette onze à S 20 (Cabine de 12
couchettes, avec des paras du 6eme BCCP).
22-8-51: Me suis réveillé à 7 h, frais et
dispos. Un temps radieux ! La mer est bleue, belle croisière en
perspective ! Un peu d'écume, dans l'après-midi, mais le
PASTEUR ne bouge pratiquement pas. Quelques connaissances à bord:
Cdt JULIEN, Adjt au Cdt d'Armes, Méd-Cne Ch- Dentiste LE GAC,
un Cne du RACM.
Toute la journée, les côtes d'ANNAM, ont été
en vue, à tribord, bien sûr.
23-8-51: Vers 7 h, sommes arrivés au CAP ST JACQUES. Arrêt
pour prendre du personnel de SAIGON, transbordé sur le" DOCTEUR
YERSIN" (Déjà connu, au début du 1er séjour
!) et qui embarque les éléments du 6eme BCCP, qui quittent
le PASTEUR.
Tant et si bien, que, ce soir, nous ne sommes plus que trois,
dans une cabine de 12 ! Avons quitté le CAP ST JACQUES, à
13 h, environ. Rencontré le SKAUGUM et le MARSEILLE, qui remontaient
sur SAIGON. Vers 18 h 30, sommes passés à l'Est, des Iles
POULO CONDOR. (Le bagne d'INDOCHINE). Fait un peu de lessive. (J'ai
le temps !) (C'est tout de même, la 1ere fois, depuis longtemps).
24-8-51: Exercice d'abandon, à 10 h environ. VERS 11 h,
UN HOMME A LA MER ! Le PASTEUR s'est arrêté, un canot a rapidement
été mis à l'eau, afin d'aller le récupérer
! A tout le moins, il a eu de la chance ! C'était un Européen,
un peu honteux de sa mésaventure, si bien terminée, malgré
tout.
Dans la matinée, vu les Iles AMAMBAR, à babord,
puis les Iles THIOMAN, à tribord. Vers 16 h 15, nous sommes passés
devant SINGAPOUR. Dans la soirée, à bord, courses de petits
chevaux, (déplacés, à coups de dés !) assez
amusantes. Dans notre cabine, un civil est venu s'installer. (Sommes donc
maintenant à quatre, mais toujours très à l'aise !).
Dans la soirée, vers 22 h 30, des lumières à tribord.
MALACCA, peut-être.
Ai oublié de signaler que MEUNIER et PEYRESAUBES sont
à bord.
Ils sont venus sur le JAMAIQUE, en même temps que moi,
en Avril 49. Sur les 7 Officiers, artilleurs coloniaux, que nous étions:
ROBINEAU est mort, QUANTIN, blessé grièvement au cou, est
paralysé, DELPIT a été blessé par une balle,
qui lui a traversé la figure. QUATRE SUR SEPT, D'INTACTS.
25-8-51: Déjà 7 ans que PARIS a été
libérée, par LECLERC. Ici, exercice d'abandon, à 9
h, dans les mêmes conditions qu'hier. Chacun connaît sa place
! A babord, les côtes de SUMATRA sont toujours en vue. Mer très
calme, malgré un vent assez fort. Croisons quelques navires, mais
en doublons d'autres, en raison de notre vitesse, peu ordinaire (Plus de
23 noeuds). Devons faire escale, après-demain, à COLOMBO.
CE MATIN, J' AI FAIT MA DEMANDE DE VOLONTARIAT, POUR MON PROCHAIN RETOUR
EN EXTREME-ORIENT, à l'issue de mon congé de fin de campagne.
26-8-51: Exercice d'abandon à 9 h. Cela consiste pour
moi, à présenter, dans le plus grand état de propreté,
les locaux sanitaires, à l'arrière. Décidément,
il faut tout faire dans l'Armée ! La mer est un peu houleuse, ce
qui dérange, une bonne partie des passagers. Dans la soirée
parties d'échecs, avec le Méd-Dentiste LE GAC.
27-8-51: Ce matin, les côtes de CEYLAN étaient en
vue. Les avons longées, pour atteindre COLOMBO, vers 12 h 30. Cette
brave ville ne semble pas avoir beaucoup changé, depuis deux ans.
Deux bateaux français dans le port. Ne suis pas descendu à
terre. (Il fallait, que cinq Officiers isolés restent à bord.
Ayant déjà visité COLOMBO deux fois, je me suis proposé
pour rester). A 20 h environ, avons quitté COLOMBO. Le PASTEUR s'est
presque aussitôt mis à rouler et à tanguer, pas très
fort, mais suffisamment, pour incommoder les sujets au mal de mer.
28-8-51: Pas d'exercice d'abandon aujourd'hui. A 15 h, tandis
que je jouais aux échecs, avec le Méd-Cne Dent. LE GAC, nous
sommes passés au Sud de MINIKOI (3000 habitants, cocotiers, un phare).
Rien d'autre à signaler, si ce n'est, quelques parties de 421, avec
le Cne DESMURS et le Lt DERRIEN.
29-8-51: Aucune terre en vue aujourd'hui. La mer est toujours
passablement agitée. Exercice d'abandon, parties d'échecs,
421. Rien d'autre à signaler, jusqu'au soir. Cinéma pour
les Officiers et Sous-officiers supérieurs:" FROU FROU" et" L" HABIT
VERT".
30-8-51: Exercice d'abandon habituel. Mer toujours agitée.
Parties d'échecs, 421. Une sieste, de 13 h 30 à 16 h. (La
1ere, depuis que je suis à bord).
31-8-51: Après une nuit un peu agitée, nous nous
sommes réveillés, longeant les côtes Nord de GARDAFUI.
Au cours des dernières 24 heures, le PASTEUR a ramené sa
vitesse à 15 noeuds, pour n'atteindre ADEN, que demain matin.
1-9-51: Au réveil, nous nous trouvons au large d'ADEN.
Dans le port, vers 7 h 30. Suis descendu à terre, avec le Cne DESMURS
et le Lt DERRIEN. Pris un taxi pour nous rendre à ADEN VILLE. Rien
d'intéressant. Etonnement de ceux qui n'étaient jamais venus
ici. On paye le taxi (aller et retour) jusqu'à ADEN VILLE, puis
le taxi disparaît. Il ne reste plus, qu'à en prendre un autre,
pour revenir au port ! Au port, achat de cigarettes" CRAVEN A" à
un prix intéressant. Rentrés à 11 h 50, (Avec 10 minutes
d'avance, sur l'horaire imposé). Avons quitté ADEN, à
15 h. Mer calme.
2-9-51: Suis allé à la messe de 9 h. (Messe chantée).
Mer toujours calme. A 17 h, nous sommes passés, devant LA MECQUE.
(Proximité toujours signalée à nos passagers musulmans).
3-9-51: Mer toujours calme. Quelques bancs de marsouins aperçus,
et même quelques requins. Vers 15 h, sommes passés devant
l'Ile des DEUX FRERES. Au dîner: repas amélioré. Dans
la nuit, nous sommes arrivés devant SUEZ. Lu" GRETCHEN EN UNIFORME".
4-9-51: Vers 9 h, avons quitté l'endroit où nous
étions à l'ancre. A 10 h, nous étions dans le CANAL
DE SUEZ, au KM 159, 600. Marche au ralenti, dans le canal, et surtout dans
le Grand Lac, où nous avons croisé un convoi. A 16 h 20,
étions devant l'Hôpital français d ' ISMAELIA. (Sur
notre gauche ! à babord, disent les marins !)
Sommes arrivés à PORT SAID, vers 21 h. Depuis ADEN,
nous savons, que nous devons toucher le port d'ALGER, le 8, et MARSEILLE,
le lendemain. Un peu d'énervement ce soir, provoqué par la
mauvaise foi évidente, des marchands arabes, venus en barque, près
du PASTEUR, faire miroiter leurs marchandises. Impossible de descendre.
5-9-51: Avons quitté PORT SAID, vers 6 h. Revu la statue
de FERDINAND DE LESSEPS. Doublé quelques cargos. Curieuse impression
de se retrouver en Méditerranée. Le canal de SUEZ, ressemble
à une barrière, entre l'Europe et l'Extrême-Orient,
bien plus que les escales.
6-9-51: Aucune terre en vue.
7-9-51: Nombreuses terres en vue, aujourd'hui. VU PANTELLERIA.
Puis les côtes de l'Afrique du Nord, longées en permanence.
8-9-51: Arrivés à ALGER, de bonne heure. Y avons
débarqué 1200 militaires environ. A 10 h, avons quitté
le quai. A 11 h, étions de nouveau en pleine mer. Dans la soirée,
à quelques coloniaux, nous avons invité le Cdt JULIEN.
9-9-51: A 7 h, le PASTEUR était accosté à
MARSEILLE.