OreilleG100

La Baraka d'un FFL 40



45. AFRIQUE DU NORD



  F R A N C E

 En congé de fin de campagne, jusqu'au 12-12-54. L'INDOCHINE me manque. Je me porte volontaire, pour un quatrième séjour en Extrême-Orient. Suis désigné pour continuer mes services en E. O. (Hors tour volontaire), avec embarquement, pour compter du 10-12-54.

 Convoqué au Ministère, j'apprends que je ne puis plus partir en Extrême-Orient, que nous n'avons plus rien à y faire ! On me propose la TUNISIE. N'importe où, mais pas en FRANCE. J'accepte. Suis affecté au RACT (Régiment d'Artillerie Coloniale de Tunisie), pour compter du 1-1-55.

15-1-55: A 18 h, je suis à MARSEILLE, venant de NICE.

 16-l-55: Je quitte MARSEILLE. Au revoir, une fois de plus, NOTRE DAME DE LA GARDE. C'est le paquebot" PRESIDENT DE CAZALET" qui m'emmène, pas loin, à TUNIS, où j'arrive le 18-l-55. Aussitôt dirigé sur:

  S O U S S E

Suis affecté à la BCR.

 Pendant mon congé de fin de campagne, j'ai reçu une lettre du Colonel POIX, commandant le 4eme RAC, (En date du 16-10-54, m'informant que la proposition de citation collective, concernant la 126eme Batterie de Position, n'avait pas été retenue). Aucune importance ! L'important, à mes yeux, c'est qu'elle ait été proposée, par des gens qui, honnêtement, pensaient qu'elle la méritait, ayant été parfaitement satisfaits de ses services, parfois en dépit des mortiers rebelles.

 Me voici donc maintenant en TUNISIE, où je n'avais pas mis les pieds depuis 1944, à la fin du stage d'Aspirants de CHERCHELL, invité chez les parents de VAN GHELE, à BIZERTE.

 Les traces de la guerre 42-43, semblent avoir disparu.

 Fait la connaissance du Cdt DUHAMEL. Retrouvé le Cdt PARENT et le Cel DE GUILLEBON (2eme DB).

 Suis logé à l'Hôtel CLARIDGE, tenu par le Breton Mr GRALL. La cuisine y étant très bonne, nous y prenons également nos repas. Je suis à une table de 4, dont le Cdt DUHAMEL, qui n'engendre pas la mélancolie. Une longue tablée d'instituteurs et d'institutrices, qui, au début, se tenait loin de nous, semble vouloir se rapprocher, chaque jour davantage, pour ne pas perdre une miette, de notre conversation, où le sérieux et le service sont bannis, sous peine d'amende (liquide).

 Il y a un mess, mais nous n'en fréquentons que le bar, le prix des consommations y défiant toute concurrence. Et puis, il y a une salle de danse.

 Question plage, nous sommes gâtés. Du sable blanc, à perte de vue.

 Ayant fait mon temps de commandement de capitaine, en Extrême-Orient, on ne m'a évidemment pas proposé de batterie. Mon travail est donc, celui d'un secrétaire supérieur, sachant taper à la machine de surcroît, préparant le courrier, le plus intelligemment possible. Le travail n'étant pas intensif, les heures normales de bureau sont suffisantes, pour qu'il n'y ait rien en retard. En somme, une bonne petite vie de fonctionnaire.

 Bien entendu, tout le confort, dont un broussard indochinois n'a aucune idée. Eau courante, chaude et froide, électricité, bien sûr. Pas de panne. Les peuples heureux n'ont pas d'histoire, a dit quelqu'un. Et ici, on peut même dormir, suffisamment, et sans être réveillé, par une rafale de mitraillette intempestive. Je crois maintenant me rappeler qu'à notre table de quatre, il y avait le Cne DUFFAUD et le Lt LEDIT.

 Pour compter du 1-4-55, j'ai été affecté à la BC1 du 1er groupe. Travail de bureau, comme précédemment.

  En fouillant dans mes souvenirs de cette époque tunisienne, toute paradisiaque, pour quelqu'un, qui était plutôt  habitué, aux dangers quotidiens, à se reposer, quand l'occasion, inespérée, lui en donne la possibilité, je ne trouve pas grand-chose à raconter.

 Ayant fait la demande de ma carte du Combattant, je l'ai eu sans difficulté, en raison de mon temps passé au combat, de plusieurs dizaines de fois supérieur, aux malheureux trois mois exigés. La mienne, datée du 15-3-55, m'a été remise, par l'Office des Anciens Combattants de Tunisie.

 J'ai apprécié les bons conseils du Lt-Cel GRIFFET, du Cdt PARENT et puis, j'ai tout de même eu une mission intéressante. Chef de l'escorte militaire, d'un important convoi civil TUNIS -SEBHA.

 Pour les transmissions, un énorme camion, abritant un poste suffisamment puissant, pour maintenir PARIS au courant de nos positions successives, lors des vacations en morse. Le chef de convoi n'avait pas besoin de guide, ce parcours lui étant familier. Il commandait ses chauffeurs, heure de départ, haltes assez fréquentes pour le refroidissement à air des moteurs (obtenu en les faisant tourner, à haut régime, face au vent du moment), heures de repos, fin de l'étape journalière, rassemblement des véhicules en formation défensive, qu'il me suffisait de protéger militairement.

 Le Chef de convoi, (ainsi que ses chauffeurs), préparait sa petite cuisine auprès de son véhicule. Nous, les militaires, nous avions nos rations.

 A SEBHA, au FEZZAN, grand plaisir de retrouver les Légionnaires, qui tiennent le poste (tenu par les Italiens, jusqu'au moment où LECLERC, leur a demandé, sans ménagement, de s'en aller) (12 ans déjà !). Les Légionnaires étaient très contents, de la bière, que nous leur apportions, mais, prudents, ils attendaient un autre arrivage direct, de TRIPOLI ! Celui qui arrivera à prendre les Légionnaires au dépourvu, n'est pas encore né !

 Au retour, arrivés à SOUSSE, les camions civils, n'ayant plus besoin de notre escorte, ont continué vers TUNIS, et nous nos cantonnements. (Bronzés et ravis de notre voyage, sur les pistes du Sud, avec, pour paysage, le désert, toujours aussi varié, captivant et aussi chaud.

 Le Haut -Commandement a dû penser, avec raison, que, laisser un broussard, dans un tel paradis, ne peut que le rouiller, un avis de mutation surgit, et, pour compter du 1-2-56, je suis affecté au 1/RACM à:

  B A T N A   -   A L G E R I E

Dans les AURES.

 Le 8 Février, je quitte donc SOUSSE, par le train, jusqu'à TUNIS. Un autre train, vers l'Ouest, cette fois, me fait passer la frontière algéro -tunisienne. Avant d'arriver à CONSTANTINE, le mécanicien de la locomotive diesel-électrique, (Un Breton, qui a vu mon nom sur ma cantine, et a deviné mes origines) m'invite à conduire la locomotive.

 Vexer un compatriote, en refusant, aurait été trop grave ! Une pareille occasion de faire une nouvelle expérience trop rare. Je suis donc monté sur la locomotive. Il m'a d'abord fait voir les deux freins: (Le frein normal, pour arrêter, gentiment, le convoi, et le frein à mort (Efficace quant à l'arrêt, motivé par un pont coupé, vu au dernier moment, par exemple, mais entraînant une grosse casse de matériel).

  Ensuite, il m'a fait voir, ce qu'il fallait manier, pour que le train avance, et comment maintenir une vitesse de croisière, qu'il m'a indiquée. J'ai donc réalisé là, un de mes rêves d'enfant: mécanicien de locomotive ! A un moment donné, nous avons essuyé quelques coups de feu (Les premiers, pour moi, depuis l'INDOCHINE). Le mécanicien m'a dit, que ce n'était pas grave, presque quotidien, et nous avons poursuivi notre chemin.

 A la gare suivante, nous avons signalé l'incident. Chacun son travail. Peu avant CONSTANTINE, il a repris les rênes, non ! Les manettes (C'est ça, le progrès). Nouveau changement de train, puis plein Sud, jusque:

B A T N A

 Nous sommes le 9-2-56. C'est le Cdt H. PIERRE, qui commande le 1/RACM (Régiment d'Artillerie Coloniale du Maroc) (Si célèbre aussi en INDOCHINE). Une de mes premières missions: Membre de la Commission du CIA, avec le Cne VERGNES.

 Une vieille note de service du 13-3-56, me permet de retrouver quelques noms d'Officiers, du groupe. Il y a le Cne GIRARD, de la BC1 (provisoirement détaché au Bureau de la Place). A compter du 1-4-56, je prends les fonctions de  Cne -Adjt -Major, en remplacement du Cne LEMESRE, et Officier d'Ordinaire, en remplacement du Lt PROVOST.

 Le Lt DODANE devient adjoint au Major, en vue de remplacer le Cne MARTIN, éventuellement, au départ de ce dernier. Le Lt RICHARD est affecté à la 1ere Bie, en remplacement du Lt BOITTE, rapatriable. Le Lt VILLIERS MORIAMEY, (déjà connu à SUIPPES) prend les fonctions d'Officier PCT.

 Le Cdt H. PIERRE, rapatriable, est remplacé par le Cdt REYNOLD DE SEREZIN, qui signe l'ordre du CORPS n 59 (en date du 29-8-56, extrait du Journal Officiel n° 193, du 20 et 21-8-56) (Décret du 14-6-56, portant promotion et nomination dans l'Ordre National de la LEGION D' HONNEUR:

 Au grade de Chevalier -Artillerie Coloniale.: Officiers: KOLLY Jean Pierre Georges, Capitaine.    MARZIN Yves, Capitaine.     Je suis heureux d'apprendre, que mon ami KOLLY, fait partie de mon wagon, pour la LEGION D'HONNEUR.

 Pour être proposé, il fallait au moins cinq titres de guerre. En ce qui me concerne: Evadé, FFL, Trois citations à l'Ordre de la Division. Le motif retenu a été:" Services exceptionnels en INDOCHINE". Trois séjours complets. Impossible, d'en avoir fait davantage !

 BATNA est le PC Opérationnel des AURES NEMENTCHAS, commandé par le Général VANUXEM (Encore un baroudeur d'INDOCHINE, que nous connaissons bien, et que nous sommes heureux de servir).

 Le Lt-Cel BUCHOUD commande le 9eme RCP, qui vient s'installer à BATNA et s'occuper des environs. A cette occasion, une prise d'armes a eu lieu, présidée par le Général VANUXEM, et j'ai eu le plaisir et le grand honneur de recevoir ma LEGION D'HONNEUR, des mains de ce dernier. L'ont reçue, également: KOLLY et le Cdt REYNOLD de SEREZIN.

 Je suis logé, comme la plupart de mes camarades, à l'Hôtel Restaurant" LA PERGOLA", tenu par Mr PHAL, aidé par sa femme et sa fille Josianne. Mr PHAL a deux fils ici, dont l'un, Norbert, est réparateur radio, et rescapé de DIEN BIEN PHU. (Notre défaite locale, honorable, mais logique, prétexte, pour ABANDONNER L' ONEREUSE INDOCHINE !).

Parachuté, de nuit, il est tombé dans les barbelés. Ayant poussé un juron, compréhensible en pareil cas, il a été reconnu." NORBERT ? C'est toi ? viens vite dans l'abri, il y a du boulot". Par hasard, il était tombé, à 5 mètres, de son abri enterré !

 Les prix étant raisonnables, et même compétitifs, nous y prenons également nos repas, à la Pergola, véritable lieu de réunion, en dehors du Mess. Au point de vue nourriture: une seule mésaventure: Un soir, après le potage, nous voyons l'un d'entre nous, se diriger vers la porte, très vite, et restituer son potage dans le caniveau, puis un 2eme camarade, un 3eme, et finalement toute une procession, tous ceux qui avaient pris du potage (dont moi !) Chacun, à sa manière, a procédé à son lavage d'estomac. (Pour moi 6 canettes de" ANCRE PILS" (La bière des Coloniaux, à cause de l'ancre !) consécutives !)

 Le potage a, évidemment, été, tout de suite, incriminé et l'analyse des spécialistes a confirmé la présence D' ARSENIC A DOSE MASSIVE, cette dose, dont nos estomacs FURIEUX, ne voulaient à aucun prix, même pour faire plaisir à nos adversaires, qui n'auraient pas été mécontents, de constater la mort, de plus d'une cinquantaine d'Officiers et civils importants.

 D'après ce que j'ai cru comprendre, la tâche principale de notre groupe, était la garde des points sensibles de BATNA, empêcher les agents du FLN, de venir s'y manifester. Du temps où j'y étais, BATNA était donc une ville particulièrement calme. L'empoisonneur de la Pergola n'avait pas plus de 13, 14 ans (moins facilement détectable, mais inexpérimenté! ) Ce n'est donc pas dans ce groupe, que j'ai eu l'occasion d'étaler mes qualités d'artilleur, spécialiste du tir vertical, que nous pratiquions couramment au TONKIN, et qui aurait, à mon avis, été très utile, dans les djebels.

 Le Général VANUXEM, qui avait vu les résultats spectaculaires du tir vertical au TONKIN, s'étonnait, qu'on ne le pratique plus, mais sans plus. A la Pergola, des Officiers de la Légion, dont le Cne JALUZOT, du 1/3 REI, retrouvé, me disaient également, que, parfois, dans les djebels, ils auraient préféré un tir d'artillerie à l'intervention de l'aviation, dont on arrive à se protéger plus facilement. Les obus, eux, on ne les voit pas venir, surtout s'ils viennent de très haut.

 Pendant ce séjour à BATNA, j'ai tout de même eu, un travail très intéressant, pendant six mois. Un jour, l'Officier de l'Appui aérien du Général VANUXEM, étant parti, j'ai été désigné, pour le remplacer, au moins, pendant un mois.

 L' Adjudant NEY, qui y était depuis longtemps, connaissait toutes les ficelles du métier, et a eu tôt fait, de me mettre au courant, de ce travail d'  Etat -Major, pour lequel je n'avais pas été préparé, mais pour lequel, j'ai tout de suite pris goût, du fait qu'il s'agit de vitesse d'appréciation de la situation, et de décision, JOUR ET NUIT.

 Ici, j'ai tout de suite, été servi par mon entraînement en INDOCHINE, à me réveiller instantanément, tout en me contentant d'un minimum d'heures de sommeil, récupérables, à la moindre occasion de tranquillité. Je dors vite et bien, tout en ayant l'esprit en alerte.

 Au point de vue transmissions, j'étais plutôt gâté. Un téléphone direct, avec le 3eme Bureau, un téléphone direct avec le PC AIR, où trônait un autre bolide: Le Colonel ANDRIEU (Un Breton de l'ancienne escadrille NORMANDIE-NIEMEN).

 Un téléphone direct avec ma chambre, à la Pergola. Dans ma chambre, un 2eme téléphone me raccordait au Réseau Urbain, en flash (priorité absolue). Dans mon bureau, un téléphone relié au Réseau urbain. (En flash également). Pendant mes repas, à la Pergola, le réseau urbain me contactait, par le téléphone du Restaurant, toujours en flash.

 Dans mon bureau: un interphone, avec le 3eme Bureau, un autre avec le PC-AIR. La radio, en écoute permanente, sur la fréquence opérationnelle, en liaison avec les pipers (en observation) et les différentes unités ou postes appuyés.

 L'appui aérien actionnait directement, les pipers d'observation, les Bells et les petits avions de liaison. LE PC- AIR, sur notre demande, actionnait l'aviation.

 Un fait précis de ce travail, me revient en mémoire. Un jour, le Colonel ARFOUILLOUX (des TIRAILLEURS ALGERIENS) était en opération. Nous avions un poste radio sur sa fréquence. L'opération se déroulait normalement, sans incident, quand, tout d'un coup, sur le réseau des pipers, l'un d'entre eux me signale, qu'il voit une katiba, qui se prélasse au soleil, en un point dont il me donne les coordonnées.

 C'est à 10 kms, des éléments ARFOUILLOUX. Ce dernier, alerté aussitôt, fait demander au piper de continuer à observer discrètement, démonte son opération présente, et, grâce aux moyens mis en place, par le général VANUXEM et le PC -AIR, dont de judicieux héliportages, encercle et anéantit la katiba, contre des pertes insignifiantes, en un temps inespéré.

 C'est à l'appui aérien également, que j'ai appris, comment le Général pouvait être au courant, et d'une manière précise, de tout ce qui se passait, y compris les affaires, en apparence, les plus anodines.

 Tout simplement, par les messages radio, reçus et envoyés, dont un exemplaire de chacun, était collé, au fur et à mesure, de leur départ ou arrivée, au précédent, constituant un dossier, plus ou moins volumineux, suivant l'importance de l'affaire. Dossier parfois insignifiant, pour une simple ouverture de route tranquille, dossier très volumineux, au contraire, pour une grosse opération.

 Une contestation quelconque survenant, à l'issue d'une opération: vite, on sort le dossier, et la vérité apparaît, irréfutable ! Le métier d'Etat -Major peut être très simple et efficace: Bon sens et sens pratique (BOYER DE CONCHARD dixit !)

 Les évacuations sanitaires étaient généralement faites par les Bells, dont les pilotes étaient aussi dévoués qu'adroits, dans les approches difficiles.

 Un jour, le Général VANUXEM vient dans mon bureau, avec un dossier qu'il compulse tranquillement, dans son coin. Occupé comme il l'est, avec tous les soucis qu'il doit avoir, je n'ai pas du tout l'intention de le déranger (manquerait plus que ça !), quand, tout d'un coup, une affaire urgente survient à la radio, et je prends, immédiatement, toutes les décisions logiques. Tout va bien.

 Juste avant de partir, le Général me dit:" MARZIN, c'est parfait, ce que vous venez de faire, en mon nom, comme d'habitude. Mais, la prochaine fois, n'oubliez pas que je suis là !". Et oui, j'aurai dû y penser, mon désir d'aller vite, m'a fait commettre une impolitesse, involontaire, mais une impolitesse, quand même !

 N'ayant rien d'intéressant à faire au groupe, j'ai été heureux et fier aussi, d'être resté six mois, à l'appui aérien, le maximum autorisé pour un Officier de Troupe, dans un Etat-Major.

 J'ai appris, par la suite, les notes élogieuses que j'avais obtenues à l'Appui Aérien, et les notes médiocres, obtenues en tant qu'artilleur. Si j'avais eu l'occasion d'aller en DLO, de tirer au canon, (le tir vertical, en particulier, l'un de mes dadas), il en aurait, peut-être, été autrement!  Ces notes, médiocres, ne tenaient aucun compte de mon expérience de milliers et de milliers de coups de canon, dont l'efficacité avait été reconnue, en INDOCHINE, et récompensée, par ma dernière citation !

 Fin 57: je tousse beaucoup, violente discussion, tous les matins, avec le lavabo. Amicalement, le toubib me demande combien je fume de cigarettes par jour. -" Trois paquets!". -" C'est trop, je t'autorise à fumer 10 cigarettes par jour".

 Descendre de 60 à 10, c'est de la privation, plus que 9, plus que 8.., c'est à devenir cinglé ! -" Alors qu'est ce que tu décides ?" -" Je ne fume plus !" -Et nous voilà partis, tous les deux, au bar des Sous-Officiers.

 Je pose mes deux derniers paquets de gauloises, sur le comptoir, à la disposition de tout le monde, et j'annonce:" Le premier qui me voit fumer, à partir de maintenant, je paye une tournée générale, à tout le Régiment !"

 Le Toubib n'en revient pas ! Moi, non plus ! Mais c'est trop tard, je ne peux pas revenir en arrière, JE ME SUIS MIS DANS L' IMPOSSIBILITE TOTALE DE FUMER. Et les paris sont engagés. Oh, le Capitaine refumera." Non, c'est un Breton, s'il a dit non, c'est non !" -Ce qui est sûr, c'est que je n'ai pas les moyens de payer la tournée générale ! -

 Pendant trois jours, inutile de dire, que je ne suis pas à prendre avec des pincettes ! Pendant trois mois, il m'arrive de rêver que je fume. Je me réveille, instantanément, et constate, avec satisfaction, qu'il n'en est rien. Ouf ! Plus de discussions avec le lavabo ! Il va s'ennuyer  ! C'était donc la cigarette, la responsable. Pourquoi ai-je fumé autant, et si longtemps ? La force de l'habitude; je n'en éprouvais aucun plaisir. Donc complètement idiot !

 Fin 57, le Journal Officiel me désigne, pour continuer mes services en AOF (Afrique Occidentale Française). Permission de détente, au titre AFN, jusqu'au 11-2-58. Puis affecté au DITC de MARSEILLE pour compter du 12-2-58. Embarqué à BATNA, par avion, le 29-12-57, je débarque à PARIS, le même jour.


 
 

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